Le feu, de sa découverte à sa maîtrise contemporaine.

Publié le : 19 février 202213 mins de lecture

La découverte du feu a permis aux êtres humains de faire un des grands pas vers la prise de conscience des lois de la nature. Constitué de lumière et de chaleur dégagée lors de la réaction chimique appelée combustion, le feu a favorisé l’évolution des humains primitifs à partir du moment où ils ont appris à l’allumer et à le contrôler, en le nourrissant et en le protégeant pour qu’il ne soit pas éteint. Le terme feu vient du latin focus, qui était à l’origine destiné à être le foyer de la maison, placé dans l’atrium ou le hall et considéré comme un lieu sacré, le centre, le feu de la famille.

La découverte du feu

Nous trouvons les plus anciennes preuves de l’utilisation du feu par l’homme, datant d’environ un million et demi d’années, dans divers sites archéologiques. En Afrique de l’Est, ils sont constitués de tessons d’argile qui, pour durcir, ont dû être chauffés à 400°C et le rougissement des sédiments dû au chauffage à 200-400°C. En Afrique australe, des pierres brûlées ont été trouvées au milieu d’outils en os présentant des traces de coups de couteau, des dépôts brûlés à l’intérieur de grottes, des plantes et des troncs carbonisés et des outils en bois probablement durcis par le feu. L’allumage du feu par les hommes primitifs était possible en frottant l’un contre l’autre deux morceaux de bois qui, en s’échauffant par frottement, s’enflammaient ; ou en frottant l’un contre l’autre les pierres appelées silex, créant ainsi les étincelles qui furent, pour ainsi dire, le premier briquet naturel.

Le contrôle du feu et de la lumière qu’il créait a entraîné des changements fondamentaux dans le comportement des hommes primitifs : il leur a permis de prolonger leurs activités quotidiennes au-delà de la durée des heures d’ensoleillement, de se défendre contre certains mammifères et insectes qui craignaient le feu, d’améliorer leur alimentation, en se nourrissant d’aliments cuits, plus digestes que les crus, et aussi d’élargir la variété des aliments. La chaleur produite par le feu a permis à nos ancêtres de se réchauffer, leur permettant de vivre même dans des régions au climat froid, pouvant ainsi coloniser des endroits où ils n’auraient pas pu survivre sans une source de chaleur. Le feu leur a également permis d’améliorer leurs outils de chasse et leurs armes, car les lances en bois placées au-dessus de la flamme ont durci et sont ainsi devenues plus efficaces. Plus tard, le feu a permis le travail de l’or et de l’argent, et a rendu possible l’apparition de la métallurgie, du cuivre, de l’étain et du travail du fer.

Le feu est un élément dont le symbole est entré dans les mythes et de nombreuses religions ou traditions culturelles. Associé à la vitalité, à la puissance et à la passion, le feu, selon la mythologie grecque, a été donné par Prométhée aux hommes après l’avoir pris aux dieux. Elle est également devenue l’un des symboles des Jeux olympiques : aujourd’hui encore, la flamme olympique, contenue dans le flambeau olympique, est portée par une course de relais jusqu’au brasero olympique de la ville qui accueille les Jeux, où la flamme brûle pendant toute la durée des compétitions olympiques.

Le feu est donc très utile, mais il est aussi dangereux en raison de son pouvoir dévastateur : les êtres humains, depuis l’Antiquité, ont essayé de trouver les moyens de contrer les effets destructeurs d’un incendie. Parmi les Juifs, les Grecs et les Romains, il y avait les figures des « gardiens du feu » qui, la nuit, donnaient l’alarme et les premiers secours en cas d’incendie.

L’invention de l’extincteur

À partir de 1700, des équipements ont été mis au point qui consistaient en des pompes manuelles capables d’émettre des jets d’eau. En 1723, le chimiste Ambrose Godfrey a breveté le premier extincteur portable, qui consistait en un baril rempli d’eau auquel il ajoutait un récipient rempli de poudre à canon. Avec un système d’allumage, la poudre a explosé et a dispersé l’eau. En 1813, le capitaine britannique George William Manby invente le premier extincteur automatique à jet : il s’agit d’un récipient en cuivre contenant environ 12 litres d’eau, du carbonate de potassium, pressurisé à l’aide d’air comprimé ; en ouvrant la vanne, l’air comprimé fait sortir l’eau.

Le triangle de feu

Le terme « triangle de feu » est utilisé pour représenter visuellement la réaction chimique de la combustion. Les trois éléments nécessaires à la combustion, et donc au feu, sont représentés sur les côtés du triangle : le combustible, c’est-à-dire la matière inflammable, l’agent de combustion, c’est-à-dire l’oxygène, et la source d’inflammation, c’est-à-dire la chaleur. Si l’un des trois éléments venait à défaillir, la combustion n’aurait pas lieu ou, si elle était déjà en place, serait éteinte.

L’extincteur moderne

L’extincteur moderne est normalement de couleur rouge et se compose des éléments suivants : un réservoir, qui contient l’agent d’extinction ; un agent d’extinction, qui en contact avec le feu permet de l’éteindre ; un tuyau, qui permet de diriger l’agent d’extinction ; une valve, qui régule le débit de l’agent d’extinction ; un propulseur (gaz), qui permet d’expulser l’agent d’extinction ; la poignée, qui permet de manipuler facilement l’extincteur.

Agents d’extinction

L’agent d’extinction d’un extincteur est la substance utilisée pour éteindre un feu, ce qui peut être réalisé en refroidissant la température, en retirant le combustible ou en asphyxiant l’oxygène. Les principaux agents d’extinction sont : l’eau, la poudre (principalement du phosphate d’ammonium), la mousse (un composé d’eau et d’additifs) et le dioxyde de carbone.

Classement au feu

L’agent d’extinction contenu dans un extincteur sera efficace sur différents types d’incendies. Nous pouvons distinguer de classe A, provenant de combustibles solides, tels que le bois, le papier, les textiles ; de classe B, provenant de combustibles liquides, tels que l’alcool, les solvants, l’essence ; de classe C, causés par des combustibles gazeux, tels que l’hydrogène, le méthane, le propylène ; de classe D, générés par des métaux tels que le potassium, le sodium, le magnésium, le zinc ; de classe E, générés par des équipements électriques sous tension ; de classe F, générés par des huiles et des graisses.

Selon les traditions de la Grèce antique, le feu représente l’un des quatre éléments, avec l’air, l’eau et la terre, dont sont constitués toutes les choses et tous les êtres existant dans l’Univers, dans le microcosme et le macrocosme.

« Le feu a toujours été et, raisonnablement, restera toujours le plus terrible des éléments. » (Harry Houdini)

La découverte et la maîtrise du feu est peut-être la découverte la plus extraordinaire de l’histoire de l’homme. Le foyer, au feu régulièrement entretenu, est en effet ce qu’il y a de plus important dans ce que l’on nomme l’espace domestique, ce lieu plus où moins permanent où l’on revient pour pratiquer diverses activités techniques, préparer à manger et dormir à l’abri du danger et des intempéries. Cela est si vrai que le terme « feu » au Moyen-âge, puis « foyer » aujourd’hui, sont utilisés pour désigner la famille. Cet espace regroupe un ou plusieurs homme(s), une ou plusieurs femme(s) et des enfants réunis par des liens sociaux forts, le plus souvent une famille plus ou moins nombreuse. On peut s’y adonner à différentes activités en toute sécurité, y étant protégé contre les intempéries, les bêtes sauvages et les ennemis. Il s’agit d’un lieu de sécurité. On y prépare et consomme les repas quotidiens. La nourriture produite ou collectée par les divers membres de la communauté y est apportée et rassemblée pour y être préparée, partagée entre les différents membres de la petite communauté et consommée. Dans les sociétés non industrielles, il s’agit souvent d’un espace de travail. On y fabrique et on y utilise des objets nécessaires à la vie de tous les jours. C’est un espace de repos et de récupération des forces. On y trouve les conditions d’une certaine intimité par rapport aux autres membres de la collectivité. Cet espace permet également d’élever les enfants les plus jeunes en toute sécurité.

Cet espace domestique organisé autour d’un feu régulièrement entretenu n’a pas toujours existé. Nos ancêtres les plus lointains n’avaient pas d’espaces domestiques stables et devaient probablement dormir dans les arbres pour ne pas être dévorés par les fauves. Leur vie sociale était donc très différente de la nôtre.

Il y a 2,7 à 1,5 millions d’années, nos plus lointains ancêtres nommés par les paléontologues Homo habilis vivaient en Afrique de l’Est dans les forêts bordant les cours d’eau. Ils ne connaissaient pas le feu. Les traces laissées par leurs activités sont des concentrations de pierres taillées utilisées pour découper la viande et d’os animaux provenant de carcasses d’animaux morts, qu’ils disputaient aux lions et aux hyènes. Ces sites semblent avoir été fréquentés épisodiquement pendant la journée, sur des périodes de 5 à 10 ans, avant d’être définitivement abandonnés. La nuit tombée, les branches des arbres offraient des refuges plus sûrs contre les fauves.

Par la suite la situation que l’on observe dans les mêmes régions ne change guère. On identifie pourtant à quelque distance des lieux de vie des endroits particuliers où l’on a taillé des outils de pierres utilisés pour découper la viande et des lieux où l’on pouvait rassembler provisoirement les carcasses d’animaux trouvées dans la savane. Une nouvelle particularité des sites d’occupation principaux concerne par contre la présence éventuelle du feu. Aucun vrai foyer contenant des charbons de bois n’a jamais été découvert à une époque aussi ancienne. Il est pourtant possible de déceler les traces d’un éventuel feu qui n’aurait pas laissé de traces charbonneuses en recourant à des tests géophysiques portant sur les transformations magnétiques des sols soumis à l’action d’une chaleur intense. Un site des rives du lac Turkana au Kenya daté de 1 million d’années, porte de telles traces, mais ces observations ont été contestées.

Nos ancêtres de cette époque ont peut-être observé que les lumières naturels allumés dans la brousse par la foudre faisaient fuir les animaux et que l’on pouvait récolter sur le sol des branches mortes enflammées après le passage d’un incendie. Il était alors possible de ramener ces brandons sur les lieux de vie pour se protéger des lions et des hyènes pendant la nuit. Si on pouvait peut-être entretenir les flammes en ajoutant du bois, il est probable qu’on ne savait pas alors produire le feu, ni le conserver sur de longues périodes. Ces régions tropicales sont connues pour leurs pluies très violentes et il n’existait pas encore à cette époque d’abris construits étanches. Cette absence de peur devant les flammes est quelque chose de nouveau dans l’évolution des mammifères, dont fait partie l’homme.

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